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COLLECTIF LIBERTAIRE
Los Arenalejos
ORIGINE : http://perso.wanadoo.fr/libertaire/archive/98/210-oct/losaren.htm
Ils sont une poignée à vivre cette aventure
au cœur de l'Andalousie.
.
Tout a commencé il y a douze ans. Nous en avions alors
ras-le-bol de vivre dans une société qui nous proposait, pour tout projet de
vie, la prostitution du salariat et la compétition de tous contre tous. À
l'horizon donc, aucun imaginaire social bien réjouissant. En tout cas, rien à
mettre en œuvre dans le présent, car si les paradis (libertaire ou autres) ne
manquent pas, ils sont toujours remis aux calendes grecques.
Il y a douze ans donc, nous débarquions dans cette superbe
vallée andalouse proche de Malaga : mille cinq cents oliviers à l'abandon, des
terres en friche, les ruines d'un moulin à huile protégées par l'ombre d'un
palmier, des restes de canalisation d'irrigation à quelques centaines de mètres
d'un rio. La beauté d'un site à l'état pur...
Nos conditions de vie étaient particulièrement rudes. À
l'époque, nous étions six, cinq adultes et un enfant. Puis d'autres enfants
arrivèrent, d'abord une petite fille, suivie de deux garçons. Joie et beauté en
plus. Qu'allait-on leur offrir sur cette enclave de quinze hectares ?
Nous avions besoin d'une cohérence pour vivre ensemble des
relations que nous voulions égalitaires et harmonieuses au sein du groupe, mais
aussi avec notre environnement écologique et social. Et même si nous avions de
bons rapports avec les voisins des villages aux alentours, cette cohérence n'en
serait pas une si elle restait limitée à notre collectivité, entre nous, même si
c'était au milieu de la plus belle des natures et avec la plus satisfaisante des
activités. Nous risquions d'étouffer, de nous recroqueviller. Il nous fallait
trouver la charnière qui nous ouvrirait au monde. Après des débats qui durèrent
trois ans, tout en continuant notre pratique agricole quotidienne, c'est dans la
tradition libertaire que nous avons trouvé le fil conducteur : Kropotkine et
l'entraide, Élisée Reclus, les naturalistes libertaires espagnols et les
réalisations des collectivités de 1936-1939, en passant par Mai 1968, pour en
arriver tout naturellement à l'écologie sociale de Murray Bookchin. Notre projet
se structurait, il s'inscrivait, tout comme celui de Comunidad del Sur (Uruguay)
dans une perspective communaliste libertaire, partie intégrante du projet
d'écologie sociale.
L'importance du pari en faisait tout son intérêt. Comment créer
une contre-culture vivante, riche, variée et complexe comme la vie elle-même, si
ce n'est en s'enracinant dans un quotidien qui expérimente les bases d'une
société écologique qui ne peut qu'être libertaire ?
Un imaginaire social de libération ne peut plus se nourrir
d'une simple prise de parole qui, finalement, n'est pas très différente des
discours politiciens. Il nous faut dépasser le discours de "propagande"
moraliste ou protestataire, caractéristique du mouvement libertaire, si nous
voulons séduire plus largement que les cercles de convaincus, car il n'y a pas
de création sans séduction préalable. Notre recherche voulait embrasser tous les
domaines de la vie et c'est sans doute celui des relations humaines qui nous a
ouvert les portes de nouvelles connaissances. Car, ce sont bien les relations
entre les humains, déterminées par la société qui, à leur tour, remodellent sa
structure. Celle-ci n'étant, en fin de compte, que la somme et la manière dont
s'articulent ces relations.
Kropotkine disait que l'origine de l'exploitation de la nature
se trouvait dans l'exploitation de l'homme par l'homme. Mais cette dernière ne
commence-t-elle pas et ne se perpétue-t-elle pas dans la domination de l'enfant
par l'adulte ? N'est-ce pas dans l'inconscient (les deux tiers de la
personnalité, dit-on) que s'installent les valeurs ...........
piliers de la société par l'organisation de la carence dans
l'abondance ? Et surtout, la notion de propriété, qui est à l'origine de l'aggressivité,
le nerf de la guerre économique capitaliste.
Ces réflexions, nées de nos difficultés relationnelles avec les
nombreux visiteurs et du trop peu de candidats à l'intégration dans le projet,
nous ont permis de comprendre que le succès d'une révolution, certes
indispensable, ne sera pas le fruit, comme d'aucuns l'annoncent d'une façon
simpliste, d'un simple changement des seules macro-structures. De plus, s'il est
relativement facile de s'unir contre ou autour d'un drapeau, il en va tout
autrement quand il s'agit de s'unir pour créer, pour inventer de nouvelles
manières de vivre. D'où l'indispensable changement parallèle des
micro-structures psychiques qui déterminent nos comportements. C'est sans doute
dans la première enfance que se situe la clef de ce changement, d'où
l'importance de notre activité en faveur d'une grossesse désirée, d'une
naissance à la maison et d'une relation amoureuse sans entrave entre l'enfant et
la mère.
Les bases d'un être humain nouveau, avec une infinie confiance
dans la vie et dans ses propres capacités relationnelles étant posées, il nous
faut ensuite, avec beaucoup d'attention, apporter les "matériaux" adéquats, les
plus riches et les plus variés possible pour qu'il ou elle se construise. C'est
tout le but d'une pédagogie libertaire qui s'adresse non seulement à l'enfant
mais également à l'adulte, pour apprendre à devenir le plus autonome possible,
car c'est aussi grâce à notre capacité créative que nous devenons libres de
faire le choix de nos solidarités. C'est ça, l'école de la vie.
Voici donc résumées très brièvement ces années de réflexions au
milieu d'une activité (trop) intense tous azimuts. Il nous aura fallu toutes ces
années pour restaurer le "cortijo", un ancien moulin à huile d'un étage et d'une
surface au sol de 150 m2; construire un atelier de céramique avec deux tours et
un four. Le tout éclairé par une éolienne et des panneaux solaires.
Ces infrastructures sont néanmoins insuffisantes, car nous
avons bien compris que si nous voulions vivre en collectivité à plusieurs
"familles", un espace propre et indépendant pour chacune d'entre elle est
indispensable. C'est la fonction des maisons individuelles que nous avons
commencé à construire (l'une d'entre-elle accueillera une nouvelle famille en
octobre). Nous réserverons pourtant toujours un espace commun qui servira de
centre d'accueil et d'hébergement pour les visiteurs, ainsi que de lieu
d'apprentissage pédagogique et de centre de production.
De ces terres abandonnées que nous avons trouvées en arrivant,
nous avons fait un jardin avec ses potagers et ses deux cents cinquante
avocatiers et manguiers sur trois hectares. Le tout cultivé en agriculture
biologique grâce à un système de permaculture et de canalisation.
Mais, quand nous parlons de nos réalisations, nous nous devons
d'insister sur le fait que celles-ci ne sont pas seulement le fruit de notre
travail mais aussi de celui d'un vaste réseau de compagnons qui de France, de
Belgique, de Hollande... ont apporté leur pierre à l'édifice. Dès le début, nous
reçu le soutien des anarcho-syndicalistes de la CGT espagnole et de la CNT. Une
souscription lancée par cette dernière nous a permis d'acquérir un tracteur. Des
maçons de la CNT nous ont aidé à restaurer et à construire des bâtiments. Les
liens restent d'ailleurs très étroits avec le mouvement libertaire ibérique et
nous pouvons dire sans prétention que nous sommes une référence pour de nombreux
libertaires et écologistes espagnols.
Nous avons également, petit à petit, tissé des relations avec
d'autres initiatives alternatives comme l'école libertaire Bonaventure en France
ou votre journal, Alternative Libertaire, en Belgique.
Dans le registre des projets, il nous faut également vous
parler de la création de notre fondation, la Fundacion Los Arenalejos para la
invvestigacion y el desarrollo de la Ecologia Social qui devrait nous permettre
de jeter un pont supplémentaire entre ceux qui habitent ici, en Andalousie, et
les autres compagnons qui veulent explorer cette nouvelle démarche. La vocation
de cette fondation est, comme son nom l'indique, la recherche et la diffusion de
l'écologie sociale par tous les moyens possibles et imaginables, le premier
étant celui de notre propre pratique. Mais nous voulons également communiquer
avec le mouvement social, c'est pourquoi nous co-éditons des livres (notamment
les textes de Bookchin en espagnol) et nous éditons une feuille d'information,
La Hoja, qui nous permet de diffuser le fruit de nos recherches, la chronique de
nos activités et les évolutions dans notre façon de vivre et nous organiser.
Parallèlement nous cherchons à élargir et à consolider la
collectivité en accroissant progressivement le nombre de ses membres. Ces
nouvelles intégrations se faisant, aujourd'hui, plus par une approche et une
connaissance mutuelle à partir des activités concrètes que par une simple
discution idéologique. Sur cette terre, pourraient vivre en harmonie entre vingt
et trente personnes.
Mais nous ne voulons pas en rester là. Notre propos, certes
ambitieux, c'est la création d'une communauté de communautés, comme disait
Kropotkine, afin de tisser cet indispensable réseau du quotidien libertaire, ce
bouillon de culture vivant fait de toutes ces différences qui n'en finissent pas
de s'enrichir.
.
Los Arenalejos
Lista de correos
29567 Alozaina (Malaga)
. Si vous désirez vous
rendre à Los Arenalejos, n'oubliez pas de prévenir à l'avance. L'accueil de
nombreux visiteurs n'est pas chose facile pour cette collectivité qui vit
principalement en autarcie et dont les capacités "monétaires" sont plus que
limitée. Certaines périodes de l'année les "visites" sont par ailleurs
"suspendues" pour leur permettre de se retrouver...
VOIR AUSSI :
Transformation sociale et transformation culturelle
contribution de la collectivité Los Arenalejos au colloque international sur la
culture libertaire organisé en 1996 par l'A.C.L. de Lyon
http://perso.wanadoo.fr/libertaire/archive/98/210-oct/arena2.htm
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